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lége de Rodez, ancien noviciat des jésuites, dirigé alors par des prêtres séculiers, il partit pour Paris, en compagnie de deux hommes appelés à obtenir des célébrités bien différentes par des vies opposées, M. Clausel de Montais et l’abbé de Pradt, dont la renommée équivoque tient plus du scandale que de la gloire. Sa vocation pour l’état ecclésiastique ne tarda pas à se déclarer, et il entra en 1783 à la communauté de Laon, dirigée par les prêtres de Saint-Sulpice. M. de Frayssinous couronna ses humanités par des études théologiques faites avec un si grand éclat, que M. Philibert de Bruillard, depuis évéque de Grenoble, disait de lui : « Élève au séminaire, il eut beaucoup d’amis, jamais d’ennemis, peu ou point de rivaux. » Condisciple des Croy, des la Trémoille, des Saint-Salm, dont l’estime et l’affection lui étaient acquises, il aurait pu aspirer de bonne heure aux dignités ecclésiastiques, et le prince de la Trémoille, destiné dès lors à l’évêché de Strasbourg, comptait se l’attacher en qualité de grand vicaire. Mais le jeune Frayssinous renonça volontairement à ces perspectives d’une carrière brillante, et, en recevant le sous-diaconat en 1788, il s’attacha à la compagnie de messieurs de Saint-Sulpice, presque en même temps que son compatriote et son parent M. Boyer. L’année suivante il était prêtre. Aux jours de la tourmente révolutionnaire, les deux jeunes prêtres se réfugièrent dans leur pays natal, le Rouergue ; ils habitèrent les montagnes de Laguiole, et s’établirent dans la paroisse de Curières, où était situé l’ancien manoir du Puech, et