Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/194

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persée au mois d’octobre 1811, à cause de sa fidélité au saint-siège. M. Frayssinous, en voyant tomber l’empire, dont la chute lui paraissait depuis quelque temps imminente, s’est écrié : « Ce colosse de puissance s’est fondu comme la cire au soleil ; » et il s’est préparé à faire entendre de nouveau sa parole respectée. Reste M. de Maistre, sur lequel il importe de donner des détails plus étendus. S’il est vrai de dire qu’on peut expliquer les hommes par les livres, il est vrai aussi de dire que, pour comprendre les livres, il faut connaître les hommes qui les ont écrits : or depuis la publication des Considérationssur la révolution française, c’est-à-dire depuis 1796, jusqu’à la restauration M. de Maistre a presque complétement disparu. Qu’est-il devenu pendant ce temps ? où était-il ? qu’a-t-il fait ? quels ont été ses sentiments, ses pensées ? Il faut le savoir, car sans cela on risquerait fort de ne pas comprendre les ouvrages qu’il a écrits ou médités pendant ce long intervalle de vingt ans, et qui attendent, pour paraître, que la liberté de la pensée soit rétablie.

Nous avons laissé le comte de Maistre à Lausanne, où il s’était réfugié, par suite du contrecoup que la révolution française avait eu dans le Piémont et la Savoie. C’est là qu’il a composé et publié ses Considérations sur la France, et que, dans sa correspondance intime, il a jugé, avec une si clairvoyante indépendance, la conduite de la coalition européenne, et notamment celle de l’Autriche. Pendant son séjour à