Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/253

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res au-dessous du rôle que lui assignait son orgueil. Il s’embarqua à Falmouth, pour commencer un long pèlerinage, le 30 juin 1809, au moment où Napoléon était au faîte de sa puissance. Ce n’est pas sans intention que nous rappelons cette date : un des orgueils du poëte, c’était d’être jaloux de Napoléon ; il devait partout rencontrer son importun souvenir gravé à la pointe de l’épée, et, malgré les efforts de l’écrivain, ce nom de Napoléon dépassait toujours le sien par les deux bouts, sur tous les rivages et sur tous les monuments. L’itinéraire de lord Byron était largement conçu ; il voulait, avec son ami sir John Cam Hobhouse, visiter, outre une partie de notre continent, la Grèce, la Turquie, et même pénétrer dans l’Inde. On peut dire que, dans ce voyage, il se trempa dans les mœurs de tous les pays qu’il parcourut, et que ses regards s’étendirent avec les perspectives qui s’ouvrirent devant lui. Après avoir traversé à cheval le Portugal et une partie de l’Espagne, il alla s’embarquer à Cadix ; il prenait en courant quelques notes, et ces humbles pierres, jetées d’espace en espace, sont devenues un monument. Dès lors Byron commençait à bâtir Child-Harold. Après avoir côtoyé bien des rivages, il alla droit à Tebelen, où il fut merveilleusement accueilli par Aly ; le terrible pacha reconnut, à la conformation de l’oreille et à la délicatesse des mains du poëte, qu’il était de noble race, et par une de ces fantaisies qui viennent au pouvoir absolu, il lui permit de visiter la Grèce. À cette époque, il était difficile de pénétrer dans ce