Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/291

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Quand un grand deuil ou une grande joie viennent visiter la maison royale qu’il aime, le poëte a des

    avez fondé une école impérissable de haute philosophie et de politique chrétiennes qui jette des racines, surtout parmi la génération qui s’élève. Elle portera ses fruits, et ils sont jugés d’avance. Je puis vous dire avec la sincérité d’un neveu d’adoption que votre dernier ouvrage a produit ici une sensation fort supérieure à tout ce que vous pouviez paternellement en espérer. Vous aurez été surpris que les journaux, surtout ceux qui devaient principalement adopter vos idées, soient restés presque dans le silence à votre égard ; mais cela tient à quelques préjugés du pays, dont vous sapez si admirablement les ridicules prétentions gallicanes, et à un mot d’ordre qu’on a cru devoir religieusement observer et dont j’ai donné pour vous l’explication à Louis. Cela n’a, du reste, arrêté en rien la rapide circulation de l’ouvrage ; au contraire, il est partout, et partout jugé avec toute l’admiration et l’étonnement qu’il mérite. C’est assez vous dire que de vous assurer que vous êtes à votre place, à la tête de nos premiers écrivains. Si un neveu avait le droit de représentation, je vous donnerais un conseil, d’après l’opinion que j’ai entendue exprimer universellement : ce serait de publier sur-le-champ votre grand ouvrage en portefeuille, et, aussitôt après, une édition complète de vos œuvres. Je ne doute nullement que cela ne mît le sceau à votre solide gloire. En attendant, je suis chargé, par des hommes dignes d’être entendus de vous, de vous faire une requête respectueuse en leur nom et au mien. Voici ce dont il s’agit : le Conservateur finit ; un journal dans le même sens, mais dépouillé des rêveries constitutionnelles le plus possible, lui succède ; il se nomme le Défenseur ; il est rédigé par M. de Bonald, l’abbé de la Mennais, Saint-Victor, Genoude, plusieurs autres hommes distingués et quelques autres inconnus, au nombre desquels ils ont bien voulu m’admettre ; ces messieurs, tous de votre école et selon votre cœur, osent vous prier de détacher de temps en temps de votre portefeuille quelques pages de politique ou de métaphysique, dont ils honoreront leur journal avec ou sans nom, selon vos convenances et vos ordres. »