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éblouissant de son midi. Le poëte a donné plus tard[1] lui-même quelques détails de sa biographie intime que lui seul avait le droit de donner et qui éclairent la physionomie de quelques-unes de ces pièces. Vers 1816, avant d’arriver à sa manière définitive, il s’était essayé dans le genre de Tibulle et de Catulle, et la vie de dissipations qu’il menait au milieu d’une folle jeunesse, livrant ses nuits et ses journées aux émotions dévorantes du jeu et des plaisirs, lui inspirèrent naturellement des vers remplis d’une verve plus païenne que chrétienne, dont quelques-uns ont trouvé place dans les Nouvelles Méditations. Le chant de Sapho faisant ses adieux aux filles de Lesbos avant de se précipiter du rocher de Leucade, date de cette époque, et il est écrit dans ce mouvement d’idées et de sentiments. C’est le tableau du sensualisme païen placé comme pendant en face du spiritualisme païen de la mort de Socrate. Tout en tenant compte de ce mélange de compositions appartenant à des périodes différentes, on peut dire que le souffle froid et amer du désenchantement commence dès lors à se faire sentir plus souvent au milieu des chaudes haleines des passions qui soufflent sur cette âme et sur cette lyre. La forme, quoique toujours belle, a déjà quelque chose de moins suave, et l’abondance de la versification peut paraître un peu négligée. C’est dans les Nouvelles Méditations qu’on rencontre pourtant l’Ode à Napoléon, belle étude dans

  1. Dans l’édition des Méditations publiée en 1849.