Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/33

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dans les jours de la terreur « des religieuses ont été publiquement fouettées. » Il y a des gens qui auraient voulu qu’on découvrît des périphrases élégantes, pour dire que le cœur de la princesse de Lamballe avait été dévoré publiquement, auprès du Temple, par des anthropophages, et qui condamnaient ceux qui racontaient les crimes, au lieu de condamner ceux qui les avaient commis. M. Lemercier ne voit dans le Génie du christianisme « qu’une œuvre dépourvue de bon sens, qu’un composé hétérogène de traductions des principaux poëmes des Hébreux, enluminé avec des couleurs empruntées à Bernardin de Saint-Pierre, et qui a dû son succès à l’esprit de parti. L’abbé Sicard, égaré dans ce monde philosophique, rappelait avec autant d’esprit que d’à-propos à ces critiques malveillants la lettre de Balzac à Scudéry, à l’occasion du Cid de Corneille. « Toute la France entre en cause avec lui, de sorte que, quand vos arguments seraient invincibles, et que votre adversaire y acquiescerait, il aurait toujours de quoi se consoler glorieusement de la perte de son procès, et vous dire que c’est quelque chose de plus d’avoir satisfait tout un royaume, que d’avoir fait une pièce régulière. Vous dites, monsieur, qu’il a ébloui les yeux du monde, et vous l’accusez de charme et d’enchantement ; je connais beaucoup de gens qui feraient vanité d’une telle accusation. » Lemercier lui-même parut, à la fin des conférences de l’Institut, frappé de la crainte de voir la prédiction de l’abbé Sicard se réaliser, et, après