Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/335

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chant funèbre consacré à Waterloo, est un reproche : « Varus, rends-nous nos légions ! » Les trois premières Messéniennes destinées à déplorer la bataille de Waterloo, la dévastation du Musée et des monuments, et à proclamer le besoin de s’unir après le départ des étrangers, sont animées du même esprit, quoiqu’il y ait une différence à faire entre ces trois morceaux pour le mérite littéraire. La quatrième et la cinquième Messénienne, dont la vie et la mort de Jeanne d’Arc ont fourni le sujet, sont comme un heureux prolongement de la même inspiration poétique qui va chercher dans l’histoire une occasion de plus de maudire l’Angleterre, en relevant le bûcher de Jeanne d’Arc devant la France indignée. Ces élégies nationales, on peut les appeler ainsi, sont pleines de sentiments honnêtes et patriotiques ; elles ont quelque chose de vrai, parce que l’émotion du poëte répond à l’émotion publique, et le succès qu’elles ont obtenu restera durable et général, parce qu’elles expriment un sentiment de tous les temps et de tous les lieux, celui du patriotisme.

Sans doute, on peut dire que le poëte a fait abus, dans les Messéniennes de ces phrases tant répétées depuis sur la gloire de la France ; trop souvent il la couronne de lauriers et la proclame la reine des nations. S’il s’agissait d’une histoire de la bataille de Waterloo, et non d’une élégie sur cette bataille, on pourrait aussi critiquer les vers où il montre les Anglais regardant, pour la première fois, sans peur, nos soldats étendus morts sur ces champs ensanglantés. Mais ces