Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/416

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élégant, de plus digne, que la parole de M. Ravez, qui présida longtemps la chambre des députés avec une autorité et une distinction de langage dont le souvenir est resté, et qui, par un jeu du sort et l’effet des révolutions, devait mourir, en 1849, membre de la seconde assemblée de la république, après avoir si longtemps présidé les assemblées de la monarchie. Nul ne disait mieux que M. de Martignac, envoyé comme M. Ravez et comme M. Lainé par la Gironde, qui continuait ses traditions d’éloquence ; sa parole limpide, mais un peu faible dont son geste plein de grâce complétait l’harmonie, semblait couler de ses lèvres persuasives comme un ruisseau de miel. Cependant, quel que fût le talent de paroles de ceux que nous venons d’indiquer, trois hommes seulement offrirent à cette époque cette heureuse réunion de dons divers qui font l’orateur : ces trois hommes étaient M. Lainé, M. de Serre et le général Foy.

M. Lainé se manifesta le premier. Il avait commencé à paraître, on le sait, à la fin du règne de Bonaparte. C’était lui qui avait rédigé cette adresse du corps législatif où retentissait le cri de la France épuisée et implorant la paix, à la lecture de laquelle Napoléon irrité s’écria : « M. Lainé est un méchant homme et un factieux ! » L’empereur oubliait que, si un souverain peut disposer quelquefois de la vie d’un honnête homme, il ne lui appartient jamais de disposer de sa renommée. M. Lainé n’était ni méchant ni factieux : c’était un esprit fier et un cœur tendre. Sa fierté avait