Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/418

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mais toujours une inspiration de sa conscience. Déjà, sous la première restauration, dans la discussion ardente que souleva la question de la restitution aux émigrés de leurs biens non vendus, il avait fait éprouver l’ascendant de cette éloquence honnête à toutes les parties de l’assemblée troublée par des passions politiques contraires, en invoquant les sentiments généreux toujours si puissants, et en présageant la grande mesure de l’indemnité sortant du rétablissement de la prospérité publique. — « Votre commission, s’était écrié M. Lainé, en refusant de reconnaître jusqu’au droit d’indemnité et de réparation, croit-elle ajouter quoi que ce soit à la sécurité des acquéreurs ? Rassurés déjà par le temps, par une longue possession, plus encore par la parole royale, ne le sont-ils pas par la charte constitutionnelle, qui a pour ainsi dire emprunté les termes de la religion, en disant que les propriétés autrefois nationales seraient désormais inviolables et sacrées ? Voudrez-vous maintenant vous interdire d’avance, interdire à vos successeurs la possibilité d’être justes, le droit d’être charitables ? Pourquoi la plupart d’entre vous, car je crois lire dans vos cœurs, se sont-ils refusés, quant à présent, à cette modique indemnité, dernier soutien du malheureux qui rentre dans sa patrie, et qui, jusqu’à ce jour, avait été soutenu par l’étranger ? C’est à cause de l’indigence de la patrie. Eh bien ! si notre patrie était un jour dans un état plus prospère, si la réunion des Français, l’activité du commerce, les progrès de l’industrie augmentaient les