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Paul-Louis Courier pour empêcher une invasion. Sans doute cette utopie militaire pouvait bien avoir quelques inconvénients pour le pays. Dans une contrée aussi plate et aussi découverte que la nôtre, surtout depuis que la révolution a abattu tant de bois et dévoré tant de forêts, cette guerre de partisans, dirigée contre de nombreuses armées, aboutirait à faire écraser en détail des hommes qui auraient pu vaincre en se réunissant. Mais Paul-Louis Courier voyait les choses tout autrement que le vieillard de la Fontaine, qui unissait les branches en faisceau pour qu’elles ne pussent être rompues. Lui, au contraire, il déliait le faisceau, parce qu’en le déliant il détruisait la hiérarchie, parce qu’avec la guerre des volontaires et des tirailleurs, il n’y avait plus ni généraux, ni maréchaux, ni empereur surtout. L’égalité était à l’instant rétablie, et le plus grand homme de guerre du monde ne valait ni plus ni moins que le dernier caporal de l’armée. Nous ne sommes pas très-loin, on le voit, du système de cet écrivain moderne qui préconise l’anarchie comme la forme la plus parfaite de gouvernement. S’il est une des compositions de Paul-Louis Courier où cette tendance que nous signalons comme le fond de sa nature éclate à chaque ligne, c’est le plaidoyer plein d’injustice et de verve qu’il publia contre la souscription destinée à acquérir le château de Chambord[1]. Nous laissons de côté le point de vue politique.

  1. L’idée d’offrir Chambord à Henri de France, au nom de toutes les communes du royaume, avait été mise en avant, quel-