Page:Ni Marat ni Roland.djvu/13

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la simplicité est telle, qu’il me pria bonnement de renoncer au principe de la souveraineté du genre humain. En effet, ce principe convient trop aux unitaires et aux niveleurs, pour ne pas déplaire aux fédéralistes et aux partisans de chétives républiques isolées et protégées. Notre collègue Lachaise ne fut pas moins surpris que moi du ton qui régnoit, et des discours qu’on tenoit chez le ministre de l’intérieur.

Pour en revenir à Brissot, je lui ai parlé, la première fois de ma vie, en dînant, avec le victorieux Dumouriez, chez Pétion. Notre première conversation fut une dispute, dont Thomas Payne fut le juge, en condamnant formellement mon adversaire, qui, loin d’admettre ma République universelle, prétendoit que la France est trop grande. Payne, à chaque interpellation, répondoit : Mister Brissot, nous sommes encore dans l’enfance des gouvernemens ; le système de Mister Cloots pourra fort bien se réaliser un jour. Une monarchie est souvent trop étendue ; mais la république des droits de l’homme peut couvrir le globe entier. Les mille départemens de Mister Cloots seront beaucoup plus faciles à gouverner que les cinq cent provinces d’un César, d’un Gengiskan, d’un Charlemagne.