Page:Ni Marat ni Roland.djvu/14

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j’aimerois assez Brissot ; il est gai et sociable ; je ne lui crois pas les vues qu’on lui prête ; je lui reproche plutôt les vues qu’il n’a point : sa tête ne se redresse pas d’une ligne au-dessus de la pente qu’elle a prise depuis dix ans. Dernièrement, au comité diplomatique, le citoyen Royer, évêque et député de l’Ain, nous communiqua une lettre de la Savoye dans laquelle les intentions de plusieurs de nos législateurs et ministres, contre l’admission du quatre-vingt-quatrième département, sont dévoilées. Brissot nous dit qu’il étoit du même avis : je me joignis à l’évêque de l’Ain pour le combattre. Royer insista sur ce que les départemens voisins prendroient fait et cause pour le Mont-Cénis, et que d’un refus impolitique naîtroit une scission fâcheuse. Tant mieux, répliqua gravement Brissot ; nous avons trop de départemens. Brissot veut apparemment des républiques isolées : dans ce cas là il seroit non pas fédéraliste, mais, qui pis est, isoliste.

Nos ambitieux sont désolés de la grandeur du peuple Français : un souverain puissant les condamne à l’impuissance. Personne n’est grand dans une grande république. Plus on a du génie ; et mieux on calcule la force irrésistible, et les avantages inappréciables de l’égalité ci-