abîme ne fût-elle pas tombée ? C’est parmi les enfants de cette classe que se recrute la petite Bohême ; c’est de son sein que sortent les jeunes débauchées, les apprenties lorettes, auxquelles, pour devenir d’honnêtes femmes, il eût fallu moins d’épreuves et plus de courage.
Le malheur qui bronze les natures fortes, abat les faibles. Une mère sous le coup de l’infortune, voit ses douleurs s’accroître par le nombre de ses enfants, et, perdant parfois alors le sentiment de sa dignité, oublie jusqu’à l’être né de son sang, pour ne penser qu’à la faim qui la presse. — « Va, dit-elle, imprudente ou désespérée, à sa fille, — va chercher ton pain. » Et l’enfant, ainsi abandonnée, ou meurt de misère ou vit de honte, si Dieu ne place, sur sa route, un de ces anges voués à la bienfaisance.
L’énumération des services que l’enfant pauvre rend à ses parents est immense, et c’est peut-être au profit que ceux-ci en retirent qu’on doit l’accroissement de la population flottante.
La mendicité, si positivement interdite, si sévèrement punie, n’est-elle pas exercée par des enfants ? L’on sait que, rétribution volontaire, l’aumône sert d’appât