Page:Nichault - Anatole.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ah ! mon ami ! fut tout ce que put articuler Valentine.

Et elle se jeta dans les bras de M. de Saint-Albert, qui la serra paternellement sur son cœur. Lorsque son émotion lui permit de parler, il assura Valentine que madame de Réthel serait enchantée de faire avec elle le voyage d’Italie.

— Nous irons à petites journées ajouta-t-il en riant, par égard pour l’âge de l’aimable vieillard qui vous accompagne. Deux semaines suffiront pour les préparatifs de ce petit enlèvement ; et si le monde en médit, comptez sur mon honneur pour réparer le tort que pourraient faire au vôtre mes moyens de séduction.

Cette plaisanterie fit sourire Valentine, et l’empêcha de se livrer à l’excès de son attendrissement. Elle se contenta de serrer la main du commandeur, en signe de reconnaissance ; et tous deux se quittèrent, l’âme pénétrée de cette douce joie qui naît également du bien que l’on reçoit et de celui qu’on fait.

Mais ce délai de quinze jours accordé aux différents manéges de l’amour-propre pouvait devenir bien funeste à Valentine ; elle le prévoyait, sans oser en témoigner sa crainte. Un service obtenu sans l’avoir demandé rend si discret, qu’on préfère en perdre le prix, que de s’en assurer par une nouvelle sollicitation. Aussi la marquise se résigna-t-elle à attendre patiemment l’époque fixée pour son départ.