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Page:Nichault - Anatole.djvu/250

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comte à toutes celles de madame de Tresanne, et il s’en remit à elle du choix des moyens à employer. La persévérance de la comtesse en ayant fait échouer plusieurs, madame de Tresanne se décida au plus atroce comme au plus infaillible. Un billet anonyme instruisit M. de Nangis de la perfidie de sa femme, en lui indiquant une occasion de s’en convaincre. Dès ce moment, la colère et le désespoir régnèrent dans le château de Varennes : madame de Tresanne s’empressa d’en sortir au premier bruit de l’éclat qu’elle avait provoqué ; et, sans vouloir en apprendre la cause au comte d’Émerange, elle lui ordonna de tout quitter pour la suivre à Bagnères. Elle s’y rendit sans s’arrêter pour soustraire M. d’Émerange aux premiers effets du ressentiment de M. de Nangis. Les amis de la comtesse retournèrent bientôt à Paris dans l’intention charitable d’y publier l’aventure scandaleuse dont il venait d’être témoins, et que le brusque départ de M. de Nangis allait certifier à tous ceux qui oseraient en douter. Effectivement, ce malheureux époux, sans calculer si la conduite présente de sa femme n’était pas le fruit de l’indulgence outrée qu’il avait montrée pour ses premières inconséquences, croyait réparer les torts de sa faiblesse par un excès de sévérité ; c’est ainsi que l’on punit souvent des fautes qu’avec plus de soin on aurait pu prévenir. Après une scène violente, dans laquelle la comtesse avait fait l’aveu de tout ce que sa folle passion lui avait suggéré contre Valentine, le comte de Nangis