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Page:Nichault - Anatole.djvu/251

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était parti brusquement pour Londres, en arrachant Isaure des bras de sa coupable mère. Abandonnée de tout ce qui lui était cher ; livrée aux injures de la médisance implacable dont elle avait si souvent dirigé les traits ; enfin, seule avec ses remords, cette infortunée s’était réfugiée dans un couvent de Paris, où les soins pieux des Sœurs de la Miséricorde ne parvenaient point à calmer les tourments de son cœur. Ce cœur, si souvent dominé par la vanité, n’éprouvait plus alors que la honte et les regrets d’avoir perdu tous ses droits maternels. La crainte de ne pouvoir réparer les fautes de sa vie en la consacrant tout entière à l’éducation et au bonheur de sa fille, ôtait à madame de Nangis tout espoir de consolation. Malgré la frivolité de son esprit, elle avait observé que la sévérité des gens du monde se laissait désarmer à la vue d’une jeune personne dont la candeur et les vertus faisait oublier les égarements de sa mère. En effet, comment se rappeler les torts d’une femme coupable, en admirant l’ouvrage d’une mère aussi tendre que sage ! Et quel homme assez méchant oserait porter atteinte au respect qu’elle inspire à sa fille, en affectant de ne le point partager ?



XLII


Valentine prévoyait depuis longtemps les malheurs qui menaçaient sa famille, et cependant, en