Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/37

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En cet instant on vint prévenir M. de Richelieu que le maréchal de Belle-Isle était dans le grand salon.

— Allez au-devant de lui, dit-il à Septimanie, allez lui faire nos compliments de condoléance ; puis vous l’engagerez à entrer chez moi, vous veillerez à ce qu’on ne vienne pas nous interrompre.

Que de pensées ce court entretien devait faire naître dans l’esprit de mademoiselle de Richelieu !

Elle croyait trouver le maréchal de Belle-Isle seul ; la vue du comte de Gisors lui fil un moment oublier les phrases d’usage qu’elle devait adresser à son père ; ravi de la voir si émue, M. de Belle-Isle la remercie d’un ton paternel, lui baise la main, et passe dans l’appartement du duc de Richelieu.

Le comte de Gisors ne le suit pas ; ses.traits sont altérés ; ils portent encore l’empreinte d’une violente douleur ; le deuil de son visage répond à son vêtement funèbre. Septimanie le regarde en silence, et des larmes coulent sur ses joues si fraîches.

— Vous me plaignez, dit-il, en détournant ses yeux pour cacher ses pleurs et sa joie.

— C’est un si grand malheur de n’avoir plus de mère ! dit Septimanie en soupirant.

— Oh ! oui, reprit Louis, perdre celle qui nous aime tant et toujours !… Ne plus savoir à qui confier son espoir… ou sa peine…

Septimanie allait rappeler au comte Louis les consolations qu’il devait attendre de son père ; mais elle savait que le maréchal de Belle-Isle n’aimait dans son fils que les qualités brillantes propices à son ambition. La sincérité de Septimanie l’arrêta, et puis ses idées étaient confuses, son cœur battait uvec violence ; elle était tout entière à la crainte de laisser deviner ce qui se passait en elle.

De son côté, le comte de Gisors se reprochait comme un crime le plaisir que lui causaient l’émotion de Septimanie et la démarche de son père auprès du maréchal de Richelieu. Il y avait tant d’avenir dans tout cela, que ses regrets pré-