Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/117

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Versailles. C’est là que sont les chefs, le ministre dont il a besoin… et enfin… le roi qui dispose des grades de l’armée…

— Il prétend ne pas même vouloir demander d’audience, n’avoir rien à dire au roi… ou plutôt il ne veut pas…

Et madame de Flavacourt se mit à pleurer de nouveau.

— Soyez plus confiante, ma chère Hortense, dit madame de la Tournelle ; auriez-vous à vous plaindre de votre mari, lui que vous aimez tant, lui qui n’a jamais eu le moindre reproche à vous faire ?

— Ah ! si vous saviez comme il m’a traitée.

— Mais pour quel motif ?

— Non… je ne puis le dire… Ce sont de méchants propos…

— On n’en saurait tenir sur votre compte, mon amie, et M. de Flavacourt ne peut être longtemps abusé sur…

— Eh ! mon Dieu ! si c’était sur moi que fût tombée leur méchanceté, je la braverais : niais c’est vous, ma sœur, que ces misérables attaquent : et je n’ai plus de courage quand on veut me forcer à vous affliger.

— Calmez-vous, chère Hortense, dit madame de la Tournelle d’un ton digne ; et venant se rasseoir, elle pria sa sœur de lui répéter sans aucun ménagement ce qu’avait dit M. de Flavacourt.

— D’abord vous saurez, reprit-elle, qu’en descendant de sa chaise de poste, il est allé porter des nouvelles de l’armée à M. de Maurepas. Il s’était chargé des lettres d’un neveu de madame de Maurepas : il a été parfaitement reçu, encouragé par le bon accueil du ministre. M. de Flavacourt pensa qu’il pouvait réclamer de lui un léger service ; il le pria de le recommander au roi, à propos des nouvelles promotions qui doivent avoir lieu au jour de l’an.

» — Vous plaisantez, a répondu M. de Maurepas, moi, vous recommander au roi ! mais si j’avais quelque faveur à lui demander, je m’adresserais à vous. Ignorez-vous donc que Sa Majesté ne refuse rien à madame de la Tournelle.

» — Si c’est ainsi, monsieur le comte a répondu mou mari, je ne veux plus rien.

» Et il est parti brusquement, dans un état de colère, d’indignation, dont j’ai subi toute la violence.

» J’étais arrivée de Plaisance pendant sa visite chez le ministre  ; je m’attendais à le voir m’embrasser avec joie :