Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/125

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Lorsque les grands officiers de la couronne, les chevaliers de l’ordre, enfin toute la maison du roi fui entrée dans la chapelle, madame d’Egmont et madame de la Tournelle allèrent se placer dans leur travée.

Le service divin commença ; et, fidèle à sa promesse, madame de la Tournelle pria de toute la ferveur de son âme pour le roi.

— Éclairez-le, mon Dieu ! disait-elle, montrez-lui son amour comme un crime, et accordez-nous à tous deux la force d’en triompher.

À peine se fut-elle mise, par la prière, en communication directe avec le ciel, que toutes les vanités de la terre disparurent à ses yeux ; il lui sembla que Dieu, connaissant la pureté de son âme, lui inspirait le courage de braver l’insulte et le mépris pour parvenir au but le plus noble ; que la religion l’autorisait à user de la puissance d’un amour vertueux pour amener Louis XV à ses anciens sentiments pour la reine, pour le rendre aux vertus qui, un jour, devaient lui acquérir de son peuple le surnom de Bien-Aimé.

Ainsi cette femme, qui venait de passer de toutes les terreurs de l’amour coupable aux joies innocentes d’un enfant, s’élevait alors par la pensée au-dessus de toutes les faiblesses humaines et trouvait dans sa piété la force de souffrir l’injustice et le mépris. La religion seule peut faire accepter ce martyre.



XXIV

UNE CONFIDENCE


Pendant tout le temps que dura la grand’messe, madame de la Tournelle ne tourna pas une seule fois ses regards du coté de la tribune du roi.

— Nous ne pouvons nous dispenser d’aller maintenant chez la reine, dit la comtesse d’Egmont : et ensuite chez les princesses