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Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/164

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qu’on dit même d’elle, on ne doute plus qu’impatienté de ses rigueurs, le roi ne lui ait adressé un de ses adieux polis qui ne laissent plus aucun espoir de retour. On sourit, on forme des conjectures, on s’amuse de sa souffrance ; elle n’y fait pas attention ; mais après une heure de supplice, elle voit chacun se lever. Le roi quitte la table de jeu.

— Déjà, dit la reine, lorsqu’il vient lui baiser la main. Il est donc bien tard ?

— Non, répond le roi de manière à être entendu de toutes les personnes qui sont près d’elle… mais nous expédions plusieurs courriers cette nuit, et je vous quitte pour écrire au maréchal de Belle-Isle.



XXXI

LES NOMINATIONS


« Je vous quitte pour écrire au maréchal de Belle-Isle. » Que de choses renfermaient ce peu de mots, et que madame de la Tournelle eut de peine à dissimuler la joie dont ils inondaient son âme !

Le roi allait lui obéir ; la voix de l’amitié, du devoir s’était fait entendre ; elle triomphait de l’indolence, du dépit, de l’orgueil d’un souverain ! Combien ce premier succès en promettait de plus grands encore !

Lorsque les yeux du roi se portèrent sur madame de la Tournelle, en traversant le salon, il la vit approcher son éventail de ses lèvres, et devina sur quelle image sa bouche se reposait. Le front du roi se colora, un frisson de bonheur parcourut ses veines. Quel prix de sa soumission !

Madame de la Tournelle ne dormit point ; mais sa nuit fut bien douce. Elle la passa tout entière à écrire quatre lignes au roi ; elle voulait être sa première pensée de la nouvelle année ; mais ces quatre lignes étaient trop froides ou trop tendre, elles promettaient trop ou pas assez ; elles ne rendaient qu’imparfaitement le noble espoir dont elle était émue ; et ces lignes, sans cesse écrites, puis effacées