Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La patience du roi était à bout ; peut-être aussi l’état de de faiblesse où se trouvait le cardinal de Fleury ne lui donnant plus à redouter aucune représentation de sa part, Louis XV crut pouvoir recouvrer sa complète indépendance ; enfin madame de Mailly fut invitée à se retirer de la cour de ta manière La plus impérieuse : il lui fut enjoint de céder son appartement à madame de Flavacourt, comme elle lui avait déjà cédé sa place de dame du palais.

Madame de Mailly, passant de la colère aux supplications et aux larmes, demanda en grâce de rester encore quelque temps au château ; le roi y consentit : mais, convaincu que M. de Maurepas ne s’était abaissé au rôle d’espion qu’à la prière de madame de Mailly, et dans l’espoir de se rendre maître de la favorite, puis de se servir de son crédit pour conduire à lui seul les affaires, Louis XV prit à ce sujet une décision irrévocable. Il eu lit part au marquis d’Argenson, pour qu’il déterminai madame de Mailly à aller passer quelques jours a Paris. Cet avis ayant été suivi, la séparation eut lieu sans éclat. Madame de Mailly alla descendre chez la comtesse de Toulouse, qui lui avait offert un asile ; et bientôt la plus austère dévotion vint au secours de son désespoir.

On s’attendait à voir madame de la Tournelle succède à sa sieur et habiter l’appartement que le départ de madame de Mailly laissait disponible ; mais il n’en fut pas ainsi ; il resta vacant. Dans l’incertitude où l’on était du choix que le roi allait faire, la cabale Maurepas tenta de faire agréer, comme caprice, une actrice de la Comédie française, cette mademoiselle Gaussin que Voltaire commençait à rendre célèbre.

Loin de se prêter à tout ce qu’on imaginait pour le distraire de son amour, le roi s’aperçut que ce sentiment prenait chaque jour un caractère plus profond, Le retour du duc d’Agénois y joignit bientôt une rage de jalousie qui eu lit une passion délirante.

Ainsi que l’avait pressenti Louis XV, le duc d’Agénois avait obtenu du maréchal de Belle-Isle un congé pour venir h Paris se rétablir de ses blessures. Trop souffrant encore pour se transporter chez madame de la Tournelle, il avait chargé son oncle, le duc de Richelieu, de lui peindre son état, et de lui dire à quel point ses souffrances s’augmeu-