Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/176

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— Fiez-vous à moi, interrompit M. de Richelieu en entraînant le roi vers la porte, je vous réponds de Sa Majesté sur ma tête et sur cette perruque vénérable ; je reviendrai vous donner demain des nouvelles de notre savante retraite.



XXXIII

JALOUSIE


Le roi et le confident rejoignirent la chaise à porteurs, sans faire de mauvaise rencontre ; mais quand, après avoir monté l’escalier du roi, ils se trouvèrent dans la galerie, le duc aperçut un homme qui se cachait derrière le piédestal d’un des bustes de bronze ; il se précipite vers lui, découvre sa lanterne sourde, et voit… M. de Maurepas[1], oui, le comte de Maurepas, le ministre lui-même qui cache sa figure dans ses mains, espérant n’être pas reconnu, et qui se trouve bien honteux d’être surpris épiant ainsi les démarches du roi.

Soit que M. de Richelieu ne pût contenir sa colère, soit qu’il voulût s’amuser de la frayeur du coupable, il s’écrie en tirant son épée :

— Sire, je le tue !

M. de Maurepas, tremblant de tous ses membres, s’accroupit, se jette par terre ; le roi le relève avec bonté, et dit qu’il lui fera connaître le motif qui le porte à sortir à cette heure de son appartement ; puis il rentre dans sa chambre, laissant le curieux ministre bien heureux d’en être quitte pour la peur, et cherchant dans son esprit ingénieux tous les moyens de parer à une prochaine disgrâce.

Il était intéressé à être discret, et cette rencontre resta secrète ; mais M. de Chalmasel parla du bruit qu’il avait entendu chez madame de la Tournelle ; d’un souper mystérieux ; ses caquets de voisin arrivèrent jusqu’à madame Mailly, qui vint de nouveau se plaindre.

  1. Mémoires de Richelieu, tome VI. Intrigues amoureuses de Louis XV.