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LA DUCHESSE DE CHEVREUSE.

En effet, le roi m’avait dit hier qu’il espérait que le temps se maintiendrait beau, que nous pourrions suivre la chasse, et voilà qu’on parle d’aller visiter les ruines du château de Beauté.

LE DUC D’AYEN.

C’est un pèlerinage en l’honneur d’Agnès Sorel, une galanterie de circonstance.

LA DUCHESSE DE CHEVREUSE.

Ce sera ce que cela voudra, mais on devait au moins m’en avertir.

LE COMTE DE COIGNY.

C’est une surprise que le roi vous ménageait, madame ; mais qui a donc été assez heureux pour vous offrir ce beau bouquet ?

LA DUCHESSE DE CHEVREUSE.

Cela n’est pas difficile à deviner. On ne trouve dans cette saison de si belles fleurs que dans les serres de Plaisance ou de Choisy.

LE COMTE DE COIGNY.

Ah ! c’est le roi…

LA DUCHESSE DE CHEVREUSE.

Qui me l’a envoyé tout à l’heure.

LE COMTE DE COIGNY.

Il aurait mieux fait de l’apporter lui-même, n’est-ce pas ?

LA DUCHESSE DE CHEVREUSE.

— Certainement, car je m’ennuyais chez moi à la mort, aussi ai-je pris le parti de descendre.

— Vous vous en repentirez peut-être, dit le duc d’Anville, qui était survenu avec plusieurs autres personnes pendant la conversation.

— Aon, je ne me repens jamais de rien, dit la duchesse en riant : je suis très-fataliste, je crois que succès, revers, peines, plaisirs, tout est écrit là-haut.

— C’est plus commode, dit M. de Coigny ; et il sortit brusquement du salon. Alors chacun se rapprocha de la duchesse, et lui rendit tous les hommages dus à un astre naissant.

Madame de Chevreuse s’enivrait d’encens et d’espérance, lorsque la princesse, madame Ruffec’et madame d’Antin