Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/209

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entrèrent portant chacune un bouquet pareil à celui de la jolie duchesse.

Ce fut un véritable coup de théâtre que l’apparition de ces trois autres bouquets. Madame de Chevreuse en resta interdite ; les gens qui l’entouraient, déconcertés dans leur supposition, s’éloignèrent naturellement d’elle pour aller saluer la princesse de la Roche-sur-Yon, et elle se trouva tout à coup abandonnée. Heureusement M. de Coigny n’était point témoin de cette humiliation. Comme son humeur jalouse s’en serait réjouie !

L’incertitude s’empara de nouveau des observateurs, et la crainte de tomber dans quelque bévue irréparable fit prendre tacitement à chacun la résolution de ne faire nulle démarche qui put trahir un préférence, et de ne pas dire un seul mot qui décelât une idée quelconque.

LA PRINCESSE, à madame de Chevreuse.

Pourquoi n’être pas venue prendre votre chocolat avec nous : il était convenu que l’on déjeunerait aujourd’bui chez moi. Je croyais vous l’avoir dit hier en nous quittant.

LA DUCHESSE DE CHEVREUSE.

Je puis affirmer à Votre Altesse qu’elle l’a complètement oublié ; je n’en suis pas moins très-reconnaissante… mais j’en suis désolée…

LA PRINCESSE.

Je le suis bien davantage, vraiment ! vous m’auriez donné votre avis sur les cbiffons qu’on vient de nous apporter de Paris ; il y a entre autres un petit chapeau à plumes roses que madame de Flavacourt et madame de la Tournelle nui trouvé charmant.

LA DUCHESSE DE CHEVREUSE.

Ces dames déjeunaient avec Votre Altesse ?…

LA PRINCESSE.

Certainement ; il ne manquait que vous. Le roi devait aller à la chasse, et nous voulions nous réunir pendant son absence. L’arrivée tl’un courrier l’a forcé à travailler ce matin avec M. d’Argenson ; mais je pense qu’il aura bientôt fini, car il nous a lait prier de nous rendre ici, en disant qu’il allait nous y rejoindre.

LA DUCHESSE DE CHEVREUSE.

Et madame de la Tournelle ?