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Le lendemain elle reçut de madame de la Tournelle le brevet d’une pension de cent louis sur la cassette du roi.



LXII

LE RETOUR À VERSAILLES


En arrivant à Versailles, madame de la Tournelle trouva Lebel à cheval dans l’avenue de Paris. Il donna l’ordre aux postillons d’entrer dans la cour des ministres et de s’arrêter au petit escalier, puis il conduisit madame de la Tournelle dans l’appartement qu’elle avait promis d’occuper. Toute sa maison y était déjà installée, jusqu’à la jolie perruche, qui bâtit des ailes en la revoyant, et lui répéta sans fin : Aimez le roi.

Ce riche appartement, dont on avait eu le soin de renouveler l’ameublement, avec quel sentiment de tristesse elle y entra ! Il lui semble entendre les plaintes amères de celle qui l’habitait avant elle ! une terreur secrète la fait hésiter à le parcourir, elle sent que la présence du roi peut seule le lui rendre supportable, et pourtant Louis XV avait eu le soin d’y rassembler tout ce qu’il savait lui être agréable : des tableaux des plus grands maîtres ornaient les panneaux dorés du salon ; une bibliothèque, composée des ouvrages que madame de la Tournelle préférait, un boudoir garni de fleurs, attenaient à sa chambre à coucher, et cette chambre, au-dessus de celle du roi, donnait sur la cour de Marbre. On découvrait des fenêtres jusqu’au fond de l’avenue de Paris ; il ne pouvait arriver personne, Louis XV ne pouvait entrer ou sortir du château, sans que madame de la Tournelle ne le vit, et un escalier dérobé permettait au roi de monter dans cet appartement sans être aperçu[1].

On interrompit les réflexions sérieuses et pénibles de dame

  1. Ce petit escalier, dont la porte donnait dans l’alcôve du roi, a été supprimé par Louis XVI.