Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/264

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en moi ; que tu es ma force, ma prudence, mon courage ; que, sans toi, ma vie s’éteignait dans les langueurs de l’indolence ; que tu m’as rendu à moi-même, à la France, et qu’elle te doit trop pour blâmer mon amour.

Comment se refuser à croire à un si bel avenir… et pourtant !… mais qui peut désarmer la colère du Ciel ?…

Le roi assigna le rendez-vous des troupes à Metz ; pendant cette marche il augmenta la paie et la nourriture des soldats ; et cette attention redoubla encore leur affection pour lui. Le surlendemain de son arrivée à Metz, on apprit un événement qui changeait toute la face des affaires, qui forçait le prince Charles à évacuer l’Alsace ; événement qui rétablissait l’empereur Charles VII, et mettait la reine de Hongrie dans le plus grand danger. Le roi de Prusse, si habile à prendre le meilleur parti, se déclarait de nouveau en faveur de la France ; le baron de Schemettau, son plénipotentiaire, vint annoncer à Louis XV l’entrée de ce nouvel allié en Bohême. Les courriers d’Italie étaient des plus favorables : l’espérance renaissait de toutes parts ; les succès de nos armes, la confiance, l’enthousiasme qu’inspirait la conduite du roi, tout semblait présager un grand et beau règne, lorsqu’un malheur inattendu vint jeter la consternation dans tout le royaume.

Le 8 août, pendant qu’on chantait dans Metz un Te Deum, pour la prise de Château-Dauphin, le roi ressentit des mouvements de fièvre. La maladie empira, elle prit le caractère d’une fièvre maligne et il fut, le sixième jour, à toute extrémité.

Sur une lettre du roi qui lui mandait l’effet du traité secret signé entre lui et Frédéric II, et qui l’invitait à venir le rejoindre à Metz, madame de Châteauroux y était arrivée avec les princesses le jour du Te Deum, et depuis elle n’avait pas quitté le chevet du lit du malade. Triomphant de ses terreurs, de sa sensibilité pour lui prodiguer les soins les plus tendres, elle lui montrai ! un visage riant, lorsqu’elle était en proie à l’anxiété la plus cruelle.

Bientôt le bruit de cet événement porta le crainte et la désolation de ville en ville ; on accourait de tous les environs de Metz, pour avoir des nouvelles du roi. Les chemins étaient couverts d’hommes de tous états et de tout âge qui, par leurs différents rapports, augmentaient leur commune