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Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/266

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naient éloigné dans la crainte des canons de l’Église que les prêtres citent aux malades : on résolut enfin de se servir des sentiments religieux de Louis XV, et de l’accablement où le plongeait sa maladie, pour faire renvoyer la favorite, sa sœur et le duc de Richelieu, dont le crédit excitait la jalousie de toute la cour.

Madame de Châteauroux, absorbée dans son inquiétude pour le roi, ne pensait pas à rallier son parti pour l’opposer à celui des princes ; mais M. de Richelieu, qui voyait se former l’orage, tenta de le dissiper en se conciliant par des promesses et des menaces le jésuite confesseur. Il eut un long entretien avec lui, dans le désir d’apprendre si, en cas de confession, l’éloignement de madame de Châteauroux ne serait pas la condition préalable d’une absolution. Le jésuite, partagé entre le désir de satisfaire aux volontés de l’évêque de Soissons, et la crainte de se faire des ennemis puissants dans la favorite et le duc de Richelieu, si le roi guérissait, répondit avec embarras qu’il n’était pas permis de prévoir la confession d’un malade ; que la conduite du confesseur dépendait des aveux du pénitent ; qu’il ne croyait pas que ceux du roi fussent tels qu’on dût lui refuser l’absolution ; enfin, il laissa le duc dans l’incertitude.

Si le roi mourait, la cour dévote et jésuitique du roi futur et de la reine remontait le pouvoir entre les mains du clergé.

Si le roi revenait à la vie sans confession, madame de Châteauroux et son parti triomphaient de celui des princes du sang et des prêtres ; dans ces circonstances, la conduite d’un ambitieux devenait difficile.

On parlait dans l’antichambre du roi mourant de la possibilité de ces événements, et l’on remarquait l’effet étrange que la crainte et l’espoir opéraient sur les différents visage. Dans cette agitation extrême, les princes tinrent conseil sur le moyen de pénétrer jusqu’au roi, pour lui témoigner les regrets des seigneurs de sa cour. Le comte de Clermont s’offrit pour braver l’ordre ; son rang, sa franchise militaire son habitude de vivre avec le roi, dont il était aimé, lui donnaient bien des droits ; on le laissa entrer, il dit au roi :

— Sire, je ne puis croire que Votre Majesté ait l’intention de priver les princes de votre sang de la satisfaction de savoir par eux-mêmes des nouvelles de votre santé. Nous