Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/267

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ne voulons pas que notre présence vous importune, mais nous désirons, à cause de cotre amour pour vous, d’avoir la Liberté d’entrer quelques moments, et pour vous prouver que nous n’avons pas d’autres desseins, Sire, je me retire[1].

La crainte le saisit en effet, et il se mit en devoir de sortir, mais le roi le retint quelques moments près de lui.

Après ce premier succès, les princes préparèrent la confession ; pour y résoudre le roi, l’évêque de Soissons lui parla avant la messe de la nécessité de se concilier le Ciel par l’aveu de ses fautes.

— Il n’est pas temps, répondit le roi d’une voix faible ; j’ai un trop grand mal de tête, et trop de choses à retrouver pour me confesser à présent…

Et, malgré ses instances, l’évêque de Soissons n’en put obtenir davantage.

Ce peu de mots avait jeté un grand trouble dans l’esprit du malade : madame de Châteauroux, désolée de l’agitation qu’il éprouvait, engagea le duc de Richelieu à demander au duc de bouillon ce que l’évêque de Soissons avait pu dire au roi pour le plonger dans cet état cruel.

— Je n’en sais rien, dit M. de Bouillon, mais quand il lui aurait parlé d’affaires sérieuses, on ne pourrait pas le blâmer : il aurait fait son devoir[2].

Le duc de Richelieu, devinant trop bien ce qu’était ce devoir, résolut alors d’exclure tout le monde de la chambre du roi, pour empêcher cette confession redoutable, dont la seule idée redoublait le danger de Louis XV par les terreurs de la mort.

Comme les princes et les grands officiers assiéraient la chambre pour ne pas perdre l’occasion favorable de la confession, M. de Richelieu vint leur dire, à onze heures du soir, que le roi ne voulait plus leur donner l’ordre ; c’est alors que les princes ce révoltèrent contre le duc.

Le lendemain, Lapéronie, chirurgien, leur déclara que le roi n’avait plus que deux jours à vivre. Le duc de Richelieu s’obstinait à nier le danger du roi et a prétendre que les terreurs qu’on lui donnait augmentaient sa fièvre, et seraient seules cause de sa mort ; il s’opposait de tout son pouvoir

  1. Mémoires de Richelieu. — Vie de Louis XV.
  2. Vie privée de Louis XV.