Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/277

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du roi éteignait (ont espoir dans l’âme de madame de Châteauroux.

Madame de Lauraguais et la duchesse de Modène, qui réparaient, par les soins les plus tendres, les torts d’une jalousie mal fondée, ne pouvaient obtenir de madame de Châteauroux un moment de distraction. Enfermée depuis six semaines dans le grand appartement de l’hôtel Lauraguais, que sa sœur l’avait forcée d’accepter, on n’avait pu la décider à prendre l’air, ni à l’aire un peu d’exercice ; enfin sa sœur, la voyant dépérir, la conjura en larmes de se laisser soigner par elle. Madame de Châteauroux, touchée du chagrin de madame de Lauraguais, consentit à la suivre un matin au Luxembourg.

Elles descendent de voiture à la petite porte du jardin, et se dirigent vers les allées les plus sombres et les moins fréquentées ; mais la duchesse de Châteauroux, affaiblie par tant de souffrances diverses, ne put marcher longtemps ; elle fut forcée de s’asseoir sur un des bancs de pierre de l’allée solitaire.

In promeneur qui se dirigeait de ce côté les aperçoit ; il croit deviner à leurs gestes que l’une des deux se trouve mal, il vient leur offrir ses secours ; son âge déjà avancé, son ton noble et poli, la manière simple dont il s’offre pour rendre un service, inspirent de la confiance à madame de Lauraguais ; elle accepte la proposition qui lui fait d’aller chercher un verre d’eau chez le concierge, car la pâleur de madame de Châteauroux augmente : mais celle-ci s’oppose à ce qu’on s’occupe d’elle, la peur d’être reconnue l’empêche même de remercier celui qui l’ait preuve de tant d’obligeance. Cependant, voyant qu’il peut être utile, le promeneur s’assied sur le banc, la conversation s’engage entre lui et madame de Lauraguais : après quelques questions de part et d’autre, il dit à la duchesse qu’il était officier supérieur dans les armées du roi ; qu’après avoir servi vingt ans avec honneur, les ministres lui ont fait un passe-droit de la dernière injustice, et qu’il s’est retiré dans une petite ville de province, n’ayant pas de quoi vivre à Paris.

— Je ne m’y trouve en ce moment ajouta-t-il, que pour réclamer le paiement de ma modique pension de retraite. À ce récit, madame de Châteauroux, certaine de n’être pas connue de l’officier, hasarda de lui demander pour-