Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/287

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ma force les instruments de mon supplice ; ce que je souffre, cenl martyrs y succomberaient, et je ne puis mourir ! lui parlant ainsi madame de Châteauroux attendri ! ses amis jusqu’aux larmes, et les preuves touchantes de leur vif intérêt pour ses peines la calma momentanément. Peutêtre aussi le souvenir des paroles de Lebel à M. Duverney contribua-t-il à lui rendre un peu de courage.



LVI

L’ENTRÉE À PARIS


— Je le vois bien, madame n’a point dormi ! dit mademoiselle Hébert en entrant le lendemain dans la chambre de sa maîtresse.

— Cela ne pouvait être autrement, ma bonne mademoiselle Hébert : mais avez-vous fait ma commission ? demanda vivement la duchesse.

— Oui, madame, toutes les fenêtres de la rue Saint-Honoré étaient louées ; il m’a fallu offrir le triple du prix convenu pour m’en faire céder une sur la place même du Palais-Royal.

— Vous êtes sûre qu’on vous la réservera ?

— Certainement, car je dois encore la moitié du prix convenu : mais est-il vrai que madame soit bien décidée à braver la foule pour aller jusque-là ? car les carrosses de la cour y pourront seuls parvenir, et les quais, les rues, sont déjà remplis de peuple ; chacun aide les bourgeois à décorer leurs maisons ; ou suspend des drapeaux ornés de devises en l’honneur du Bien-aimé ; des guirlandes de houx chargées de leurs fruits rouges, des branches de chêne encore vertes forment des arcs de triomphe ; le nombre des lustres, des lampions est incalculable : quand tout cela sera allumé, en croira la ville en feu ; on a déjà bien de la peine h se frayer un passage au travers de tout ce monde, jugez de ce que cela sera ce soir, quand le canon aura appris l’arrivée du…