Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/295

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— Quelle imprudence ! dit-il eu s’emparant du bras de la duchesse ; hélas, je l’avais trop prévu ; je suis à, votre recherche depuis deux heures, et je bénis le ciel du miracle qu’il m’accorde de vous rencontrer dans cette foule. La reconnaître ainsi vêtue, cela lient du prodige ; mais j’ai pensé que vous ne pouviez avuir eu le temps d’aller plus loin que le Carrousel, et, grâce à mon uniforme, j’ai pu me mêler aux officiers qui suivaient les carosses de la cour ; j’allais retourner à l’autre bout de la place, quand j’ai aperçu mademoiselle Hébert. Dieu en soit loué !

— Je ne veux, pas que vous m’accompagniez, dit madame de Châteauroux avec vivacité ; j’ai déjà été une fois reconnue, je puis l’être encore…

En disant ces mots la rougeur de l’humiliation enflamma ses traits altérés.

— Moi ! vous quitter ! reprit le chevalier d’un ton calme et résolu, vous ne le pensez pas ; voilà le cortége passé ; la foule se dissipe ; marchons et ne craignez rien, vous dis-je ; on n’insulte pas la femme à qui je donne le bras.



LVII

UNE LETTRE AUTOGRAPHE


— Se peut-il que vous nous mettiez dans une semblable inquiétude ! s’écrièrent à la fois madame de Lauraguais et M. Duverney ; voyez, vos pauvres domestiques en sontaussi tourmentés que nous, lin effet tous les gens de la maison étaient dans un trouble qui prouvait assez leur attachement pour leur bonne maîtresse.

Elle leur demanda à tous pardon du tourment qu’elle leur avait causé, promit île rester enfermée chez elle les trois jours que dureraient les réjouissances publiques, et recommanda à ses gens de ne laisser entrer personne, à moins qu’un courrier… mais non, ajouta-t-elle tout bas il n’en viendra point.

M. Duverney et le chevalier de Mailly furent seuls excep-