Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/311

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elle tous les satellite ? de la faveur, cette troupe éternellement attachée à tous les chars de triomphe ; mais madame de Tencin elle-même n’avait point été reçue. La duchesse de Modène, la princesse de Conti, le duc d’Aven, le comte de Noailles, Duverney, furent seuls admis. Les princesses se disputaient le plaisir de ramener leur amie à Versailles, lorsqu’elle fut prise tout à coup d’une attaque de convulsions qui jeta l’effroi parmi tous ceux qui étaient présents. Mademoiselle Héhert monte aussitôt chez le chevalier de Mailly, pour qu’il s’empresse d’aller chercher en toute haie le docteur de Vernage à Versailles, car elle sait que sa maitresse n’a confiance qu’en lui ; mais le chevalier est parti de l’hôtel à la nouvelle du rappel de sa cousine ; il ne doit pas revenir. Le duc d’Aven s’offre pour remplacer le chevalier de Mailly. On attelle deux chevaux de plus à sa voiture. Vernage arrive en ce moment ; le roi, averti par un pressentiment sympathique, et peut-être inquiet de l’état dans lequel il avait laissé madame de Châteauroux, avait ordonné à son premier médecin de se rendre chez elle.

— C’est le ciel qui l’envoie, s’écria madame de Modène.

— À peu près, dit-il, c’est le roi ; mais qu’arrive-t-il donc ? Alors, conduit par madame de Lauraguais près du lit de sa sœur, le docteur est frappé lui-même d’une idée horrible ! le nom de madame de Vintimille s’échappe de ses lèvres. Il ordonne une saignée, les convulsions s’arrêtent : madame de Châteauroux ouvre les yeux, aperçoit Vernage.

— Ah ! docteur, dit-elle d’une voix brisée par la souffrance, vos soins sont inutiles, ils m’ont empoisonnée.

— Non, madame, l’effet de la saignée ne permet pas de concevoir cette crainte ; voici le pouls presque revenu à son état ordinaire : si l’agitation de votre esprit n’amène pas d’autres accidents, la fièvre cessera dès demain. Mais, pour Dieu ! ne vous tourmentez pas.

— Eh bien, jurez-moi de ne pas effrayer le roi sur mon état, de lui taire vos soupçons… Hélas ! mes affreux pressentiments lui en ont assez dit… qu’il ignore à quel point je souffre… pas jusqu’à la lin pourtant… Je veux lui dire adieu.

— Oui, oui, mais je ne vous obéirai, reprit Vernage, qu’autant que vous serez docile à mes avis. Ne parlez pas. restez calme.