Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/316

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résolution de prendre le commandement de l’armée ; leurs conseils vous seront toujours profitables, promettez-moi de les écouter ?

— Oui, s’ils s’accordent avec les vôtres, mon amie, répondit le roi, effrayé de l’espèce de testament que madame de Châteauroux semblait lui dicter. Mais tant que vous serez mon ange gardien, je n’aurai pas besoin d’autre guide.

— Il n’est pas vrai que j’aie à me plaindre du maréchal de Noailles, ainsi qu’on a pu vous le dire, continua madame de Châteauroux ; il était alors trop occupé de l’armée, de l’effet que votre danger pouvait avoir sur l’esprit des troupes, pour pensera moi ; et d’ailleurs cet oubli est bien compensé par les soins que j’ai reçus constamment de sa famille.

— Pourquoi vous inquiéter du sort de vos amis ? ne sont ils pas les miens ? ne serez-vous pas toujours là pour les protéger ? Obère Marianne, parlez-moi de vous ; je ne puis m’occuper d’un autre intérêt aujourd’hui, Je crains que cette conversation ne vous fatigue : il me semble que vous souffrez davantage… votre main est brûlante ; si vous buviez quelque chose de calmant ?…

— Oh ! oui, dit-elle vivement ; quelques gouttes de ce lait qui est là sur la table ; donné par vous il doit détruire l’effet du… mal… qui me déchire…

Le roi frémit de la pensée que madame de Châteauroux croyait lui déguiser ; il souleva doucement cette tête si belle, approcha de ces lèvres décolorées la tasse de lait.

— Quel dommage, dit-il, qu’il faille acheter par tes souffrances le bonheur de te soigner !

— Ah ! ne me plains pas, s’écria-t-elle, d’une voix oppressée, non, jamais, je ne fus plus heureuse…

Et sa tête appesantie tomba sur les bras du roi ; les vives couleurs de ses joues s’éteignirent. Elle porta la main à son front : c’est là qu’était le siège de ses douleurs. Le roi couvre de baisers ce front pâle et abattu, il voudrait prendre tout entière cette fièvre qui la dévore. L’amour, le désespoir le dominent ; il ne se sent plus la force de se contraindre ; un soupir profond s’échappe de son sein, ses yeux se remplissent de larmes. En. ce moment madame de Châteauroux lève les siens sur lui.

— Tu me pleures, dit-elle. Oh ! non, rassure-toi cher Louis