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LXII

LE CURÉ DE SAINT-SULPICE


Madame de Châteauroux était en proie à une attaque de convulsion que mademoiselle Hébert s’efforçait en vain de calmer, lorsque Vernage rentra dans la chambre ; les moyens qui avaient jusqu’alors tempéré ses douleurs restaient sans effet, la crise dura presque tout la nuit. Vers quatre heures du matin, il y eut quelques moments de calme dont la duchesse profita pour faire demander M. Languet de Gerzi, le vénérable curé de Saint-Sulpice. Puis elle fit prier M. Duverney de venir écrire sous sa dictée. Il s’empressa de lui obéir, et, lorsqu’il l’entendit exprimer ses dernières volontés, ce qu’elle appelait ses derniers conseils au roi, avec autant de raison que d’éloquence, il ne put croire qu’un esprit si lucide, un flambeau si brillant fût sur Je point de s’éteindre.

L’état de la France, ce qu’elle avait droit d’attendre de son souverain, l’avantage pour lui de commander toujours ses troupes, la défiance dont il devait s’armer contre l’influence de ministres plus actifs qu’habiles, de prêtres plus ambitieux que dévots ; la prudence qu’il devait apporter dans la choix delà femme qui le captiverait un jour, rien ne fut oublié dans ce testament moral. « Avec un cœur aussi dévoué, aussi amoureux que celui de Louis XV, disait-elle, on est dans la dépendance de ce qu’on aime. Il n’est point de vertus qu’une femme d’un noble caractère ne puisse lui inspirer. Malheur à lui, malheur à la France, si ce cœur si bon, si courageux, devient la proie du calcul, de la coquetterie et de l’ambition ! »

Cet écrit, souvent interrompu par des douleurs intolérables, finissait ainsi :

« Je désire qu’il ne soit fait aucune enquête sur la cause de ma mort. »

Pendant que M. Duverney remplissait ce triste devoir, les