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pour apaiser la colère du maître, il en passait par tout ce que le roi voulait. C’est ainsi qu’il s’humilia auprès de madame de Flavacourt au point de lui dire que ce qui s’était passé à l’hôtel de Mazarin était l’effet d’un malentendu ; qu’il la priait d’en recevoir ses excuses ; qu’il était prêt à les faire à madame de la Tournelle ; mais celle-ci ne voulut recevoir ni explications ni excuses de la part d’un homme qui les avait si outrageusement insultées.

Cette réponse dédaigneuse fut la base de l’inimitié éclatante qui a toujours régné depuis entre le ministre, sa femme et madame de la Tournelle.



VIII

LA BIBLE


Habiter sous le même toit, n’entendre parler que de lui, ne voir que des gens dont l’existence, les volontés lui étaient soumises, pour qui la moindre des actions, des paroles du roi, avait une importance extrême, c’était mal choisir un asile contre son souvenir. Mais le spectacle continuel de cette sorte de culte rendu par les courtisans au monarque, à celui dont ils implorent un sourire comme un bienfait de la Divinité, était bien moins dangereux pour elle que le sentiment de respect et d’amour que la reine conservait à Louis XV, en dépit de ses torts. Rien n’est si contagieux pour les âmes tendres que l’exemple d’un dévouement qui résiste à tout. De combien d’attraits il pare celui qui peut l’inspirer ! qu’on lui suppose de qualités, de charmes, pour expliquer tant d’indulgence !

Excepté les jours où il y avait jeu chez elle, la reine vivait presque dans la retraite au milieu de la cour. Elle donnait à ses enfants et à l’intimité d’un petit nombre de personnes connues par leur piété austère le peu de moments que lui laissaient ses pratiques religieuses. Mais dans sa tolérance extrême, elle permettait souvent à ses dames