Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/107

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ferai l’esquisse de ce portrait, je jouerai deux sonates et je me promènerai tant d’heures. Le livre le plus attachant, la tête la plus belle, la plus douce harmonie et le plus beau temps du monde, ne l’engageraient pas à manquer à sa parole. Je suis bien loin de cette perfection méthodique ; tout ce qui a rapport aux arts m’intéresse trop vivement, pour m’en occuper avec tant de froideur. Je me livre sans réserve à mon enthousiasme, et le désir d’acquérir quelques talents ou quelques connaissances, m’entraîne toujours au-delà de ce que j’avais projeté. Cette excuse est bien faible pour mériter ton pardon ; mais tu me l’accorderas, quand tu sauras que j’ai passé presque toutes mes soirées chez Lucie, et qu’il a fallu consacrer à ma belle-mère celles que je ne donnais pas à l’intéressante veuve. Celle-ci est bientôt au moment d’accoucher, et je vais me disposer à remplir ma promesse ; elle me coûtera bien moins à tenir que je ne l’avais imaginé, car le ton qui règne maintenant dans la maison de madame de Varannes, diminue beaucoup le regret que j’aurai de la quitter. J’y éprouve une gêne continuelle ; Caroline me fuit plus que jamais ; elle est tombée dans un accès de dévotion que j’ai peine à concevoir. L’abbé de Cérignan ne cesse de la louer sur la manière scrupuleuse dont elle remplit ses devoirs pieux. Madame de Gercourt lui fait lire tous ses ou-