Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/134

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qu’il s’efforçait de cacher son malaise. Après la cérémonie, on se rendit dans le salon. Nous aperçûmes, en passant dans les salles à manger, de grandes tables disposées pour les paysans de Savinie ; on avait rassemblé tout ce qui devait le mieux amuser ces bonnes gens ; la cour était remplie de jeux de toute espèce ; on y voyait des prix destinés à récompenser l’adresse et l’agilité ; enfin tout annonçait la joie. Un peu avant l’heure du dîner, Frédéric arriva accompagné de deux officiers de ses amis qu’il présenta à madame de Savinie, en qualité de danseurs. Elle leur fit un accueil gracieux, et j’entendis l’un d’eux dire à Frédéric :

— Sais-tu bien qu’il y a de très-jolies femmes ici, et ce qui me charme, c’est que nos dames de D… paraissent fort laides auprès de toutes celles qui sont du château.

— Mais dit l’autre, montres-nous donc cette Laure ? ce chef-d’œuvre de la nature !

— Ne parlez pas si haut, leur répondit Frédéric, elle est très-près de vous, et votre ton pourrait fort bien l’offenser.

Alors ils s’éloignèrent et vinrent se placer en face de moi. Leurs gestes et leurs regards m’apprirent que j’étais le sujet de leur conversation. Frédéric les quitta bientôt pour s’informer de mes nouvelles : j’étais occupée à lui répondre, quand un domestique