Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/168

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Lucie m’a présenté les nouveaux mariés, et si quelque chose avait pu me distraire, j’aurais certainement joui de leur gaieté franche, de la petite vanité de Jeannette, qui ne passait pas devant une glace sans admirer sa parure, et du plaisir qu’éprouvait son mari à entendre dire qu’elle était charmante : en effet, elle m’a paru cent fois plus jolie que le jour de la fête : ses yeux étaient moins animés ; un sentiment de pudeur les faisait souvent baisser, et son embarras semblait encore ajouter à ses charmes. Pour Julien, il était triomphant : on n’entendait sortir de sa bouche que les noms de Jeannette et de sir James ; le reste du monde n’était plus rien pour lui. Lucie me racontait avec quelle pompe la cérémonie du matin s’était faite, lorsqu’on vint annoncer la visite de madame de Gercourt, de l’abbé et de Caroline ; je me levai pour les placer près de Lucie ; sir James leur fit un salut très-froid, et s’assit à côté de moi comme auparavant. Leur ayant demandé ce qui nous privait du plaisir de voir ma belle-mère, madame de Gercourt nous apprit que s’étant trouvée fort incommodée dans la journée, elle s’était mise au lit.

— Elle a reçu une mauvaise nouvelle, ajouta-t-elle : Le maréchal de V… a écrit à Frédéric de se rendre avant quinze jours à son régiment : on s’occupe des préparatifs de la guerre et des moyens de se mettre en campagne le plus tôt possible. Madame de Varannes,