Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/169

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pour qui cette guerre a déjà été si funeste, redoute le moment où Frédéric la quittera pour aller combattre. Son imagination frappée présage un nouveau malheur, et la peine qu’elle en ressent a sensiblement altéré sa santé.

— Malgré tout le désir que nous avions de vous voir, continua-t-elle, nous ne l’aurions pas quittée si Frédéric ne s’était engagé à rester auprès d’elle.

Je témoignais à madame de Gercourt combien je prenais part à l’affliction de ma belle-mère, quand sir James se leva brusquement et fut parler à Caroline ; j’étais curieuse de savoir l’accueil qu’elle lui ferait, et, profitant de l’instant où Lucie questionnait madame de Gercourt, pour terminer ma conversation avec elle, je fixai mes yeux sur Caroline et la vis rougir à l’approche de sir James. Je n’entendis point ce qu’il lui disait ; mais je m’aperçus bien que l’abbé n’en perdait pas un mot. Celui-ci craignant que leur entretien ne se prolongeât, pria sir James de le conduire près de la mariée pour lui faire son compliment. Ils s’éloignèrent tous deux, et bientôt se mirent à causer. Madame de Gercourt employa ce temps à nous parler de tout ce qui se passe à la cour. Elle sait le roman de toutes nos princesses, et les traite impitoyablement. J’étais étonnée de lui entendre approfondir un tel sujet devant Caroline, et je réfléchissais que des volumes de morale ne détruiraient