Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/170

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pas l’impression que ses récits scandaleux venaient de produire sur cette jeune personne, lorsqu’elle ajouta qu’il n’était plus possible de vivre à la cour, que les femmes y affichaient l’irréligion et les hommes tous les vices imaginables ; que leur insolence s’accroissant tous les jours et tombant sur des gens de mérite, elle finirait par les rendre haïssables aux yeux du peuple même.

J’étais assez de ce dernier avis, et je dis quelques mots qui pouvaient le lui faire entendre, lorsqu’elle en changea tout à coup, pour me répondre qu’il serait encore plus dangereux de nuire au pouvoir de la noblesse, en lui ôtant les moyens d’opprimer, que de se soumettre à tous ses injustes priviléges ; alors elle entra dans les plus grands détails, pour prouver ce qu’elle venait d’avancer ; et le soin qu’elle mit à nous apprendre le degré de respect qu’on devait à un chevalier de l’ordre, la distance qui existait entre lui et un simple cordon rouge, enfin de quelle importance il était à l’État de ne pas confondre tous les rangs, me confirma dans l’idée que si elle pensait mal des nobles, elle avait beaucoup de vénération pour la noblesse. Après une longue dissertation, elle fit appeler l’abbé qui donna la main à Caroline pour monter en voiture ; sir James offrit la sienne à madame de Gercourt, qui lui dit en confidence, mais assez haut pour que l’entendisse :