Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/172

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pour y jouir d’un moment de calme, il n’en est plus pour moi ! mais pour te parler encore de mes chagrins et des conseils que j’attends de ton amitié. J’ai peur que sir James n’ait attribué ma tristesse au départ de Frédéric ; il aura pensé que j’en étais instruite. Comment le désabuser sans commettre une inconséquence ? Voilà ce que j’ignore ; cependant c’est bien assez de lui cacher le motif de ma douleur, sans lui laisser croire qu’un autre en est la cause ; et tu ne saurais imaginer combien je tiens à ce qu’il soit persuadé que l’amour maternel et l’amitié sont les seuls sentiments qui remplissent mon âme.

Adieu, ma Juliette, plains ta Laure ; mais ne cesse pas de l’aimer autant qu’elle t’aime.



XXXI


Mon retour à Varannes est fixé. Dans quatre jours je quitte Lucie et son frère. La raison ne m’en ferait pas un devoir, que la froideur impolie de sir James m’y déciderait. Depuis avant hier il s’est à peine informé de ma santé ; il a évité toutes les occasions de se trouver près de moi ; enfin il s’est conduit de façon à me prouver que ma présence ne lui était nullement