Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/209

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longtemps, car je veux éviter toutes les occasions de le rencontrer. Mais pour n’y plus penser, pour ne plus t’en rien dire, cela m’est aussi impossible que de cesser de t’aimer.

Adieu.



XLIII


Est-il bien vrai, ma Juliette, je ne serais pas criminelle en l’aimant ? Le ciel ne veut point d’éternels sacrifices : avec son âme il faut aimer ou mourir, dis-tu. Combien cette pensée me soulage ! tout ce que tu ajoutes en faveur de mon amour le justifie si bien, que j’ai abandonné toute idée de le combattre. Quand j’ai reçu ta lettre je me suis livrée à tous les transports d’une espérance divine ; le plaisir que j’ai ressenti en te voyant approuver ma tendresse pour lui, m’a fait un instant oublier mes peines ; mais ce plaisir fut un éclair, il tenait toujours à l’orage ; la réflexion me ramena bientôt à ce qui devait détruire mon illusion : Je me rappelai sa froideur, toutes les marques de son indifférence, et je vis qu’il ne m’était pas permis d’espérer le bonheur. C’est dans cette triste disposition que je suis descendue chez ma belle-mère. Tu vas voir si l’entretien que nous