Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Gercourt lui montra la lettre d’André, et dit à James que nous ne lui pardonnerions jamais de nous avoir prévenues. Il ne l’entendit probablement pas, car il ne lui fit aucune réponse ; les yeux attachés sur moi, il semblait plongé dans la plus profonde rêverie ; ses traits étaient presqu’aussi altérés que ceux de Frédéric ; mais celui-ci portait sur sa physionomie l’expression de la joie ; elle était si vive que ne pouvant la contenir, il dit, en s’adressant à moi :

— Cessez de plaindre mon sort, adorable Laure, jamais il ne fut plus heureux. La générosité de mon ami, l’intérêt que vous me témoignez, tout se réunit pour combler ma félicité.

Il s’arrêta pour attendre ma réponse ; madame de Gercourt observant mon silence, m’engagea à le rompre, et augmenta encore ma confusion, en ajoutant :

— Allons, bonne Laure, soyez indulgente, et pardonnez à cet aimable étourdi ; il est coupable, je l’avoue, mais que ne fait point excuser un amour véritable !

J’allais prendre la parole pour détromper madame de Gercourt sur la cause de mon silence, quand sir James s’approcha, et me dit :

— C’est vous seule, madame, qui avez le pouvoir de consoler Frédéric des chagrins qu’il vient d’é-