Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/266

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qu’il les ouvrît ; parfois l’imagination frappée, je croyais sentir les battements de son cœur, le mien se livrait à l’espérance ; et l’instant d’après me voyait retomber dans l’anéantissement… Enfin rassemblant mes forces… je m’arrachai une seconde fois de ce lieu de douleur… je courus sur le bord de la mer… et apercevant de loin deux hommes qui venaient de ce côté, je me traînai vers eux. En entendant mes cris, ils pressèrent leur marche, et se trouvèrent bientôt assez près de moi pour que je pusse reconnaître M. Bomard et M. Billing ; je m’écriai :

— Venez à son secours !… il se meurt,… suivez-moi,…

Et me retournant aussitôt, je rentrai dans le bois, craignant de perdre une minute… Mais l’épuisement succéda à tant d’agitations… et j’ignorerais ce qui s’est passé depuis ce moment, si M. Bomard ne m’en avait instruite. Quand je revins à moi, je le trouvai assis près de mon lit.

— Qu’est devenu James ? lui dis-je avec effroi !

— Rassurez-vous, me répondit-il, il est auprès de Lucie, ses soins l’ont rappelé à la vie ; tandis que nous perdions l’espoir de ranimer la vôtre. Ah ! Laure ! pourquoi n’avez-vous pas eu de confiance en celui qui vous aime comme un père ! Combien vous vous seriez évité de chagrins !… Mais il n’est pas temps encore de vous donner des conseils ; vous