Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/267

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avez besoin de repos, ajouta-t-il, en me tâtant le pouls, pensez à Emma, et faites quelque chose pour votre santé.

— Je ne suis pas malade, répliquai-je, je n’éprouve aucune douleur, et je serai parfaitement tranquille quand vous aurez calmé mes inquiétudes.

Alors il me raconta comment, étonné de ne pas voir James à l’heure fixée pour son départ, M. Billing et lui, l’avaient fait chercher dans toute la maison, et qu’ayant su du concierge qu’il avait pris le chemin qui conduit à la mer, ils s’étaient décidés à suivre ses traces, et à marcher jusqu’à ce qui l’eussent rejoint.

Un affreux pressentiment, ajouta-t-il, s’était subitement emparé de nous ; sir James nous avait quittés la veille, accablé d’une tristesse qui paraissait moins l’effet de la douleur que celui du désespoir. Son regard, son air farouche, semblaient annoncer quelque sinistre projet. Je n’osai faire part de mes craintes à personne, mais quand on me dit le matin qu’il avait disparu, je tressaillis et je conçus un soupçon si funeste, qu’en apprenant l’état où il était, qu’en vous voyant presque mourante, je rendis grâce au ciel de nous avoir encore laissé quelques rayons d’espoir. Dans ce désordre extrême, nous implorâmes l’assistance de plusieurs paysans qui passaient près de là : un d’eux courut à Savinie,