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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/283

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béissance ; son despotisme m’indigna ; je lui répondis que la fortune que j’avais héritée de mon oncle me suffirait, et que je ne voulais pas acheter la sienne au prix de mon indépendance. Ma réponse le transporta de colère ; il devint furieux, et c’est dans cette horrible scène qu’il me chassa de chez lui.

« Un homme de mon caractère ne devait point oublier une pareille humiliation. En sortant de la maison paternelle, je jurai de n’y rentrer jamais, et j’allai confier à milady ce qui venait de se passer entre milord Drymer et moi, et l’intention où j’étais de quitter l’Angleterre. Elle approuva mon dessein, voulut me suivre, me répéta souvent qu’elle serait heureuse de me consacrer sa vie ; et transporté de reconnaissance, je lui jurai que si au bout d’un an le ressentiment de mon père n’était point affaibli, je l’unirais éternellement à moi, et que le bonheur de vivre son époux me ferait oublier toutes les peines causées par ma famille. Elle joignit ses protestations aux miennes, et nous partîmes aussitôt pour Paris. Nous y passâmes six mois dans la solitude ; milady se lassa d’en jouir. Je trouvai naturel son goût pour la société, et je m’imposai seulement le devoir de ne point paraître en public avec elle, dans la crainte de la compromettre. Vous savez par quelle affreuse trahison elle récompensa ma