Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/290

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val partit pour la Hollande, et moi je revins à Paris. En arrivant, je trouvai une lettre de ma sœur, qui, ayant appris l’infidélité de milady, m’engageait à venir oublier près d’elle mes chagrins. Je lui apportai moi-même ma réponse. Je comptais la quitter au bout d’un mois pour aller rejoindre Frédéric, que Delval m’avait dit être à L***, mais quand elle m’apprit que madame de Varannes était retirée dans un château voisin du sien ; qu’elle était liée avec elle ; et que j’aurais bientôt l’occasion de la voir, je formai le projet de me fixer à Savinie. Au bout de quelques jours, je fut présenté à votre belle-mère ; elle me reçut comme une amie de son fils, m’annonça sa prochaine arrivée, et Caroline se réjouit de la vôtre. Elles pleuraient encore toutes deux la mort de Henri ; ignorant l’impression que me faisaient éprouver leurs regrets, elle me surent gré d’y paraître sensible, et je partageai une partie de l’amitié qu’elles portaient à ma sœur.

« Cependant votre voyage se remettait de jour en jour et l’on commençait à perdre l’espoir devons voir, lorsque vous arrivâtes. Ah ! Laure ! quel jour mémorable pour nous !… Je désirais vous connaître, et pourtant je refusai d’accompagner ma sœur lorsqu’elle alla vous faire sa première visite ; je craignais de me trahir, en laissant apercevoir le trouble que me causerait votre vue. Hélas ! j’étais loin de