Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/299

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motif de son départ, elle lui apprit que l’épouse de Henri allait peut-être former de nouveaux liens, et lui parla de son amour pour Sir James Drymer. À ce nom, les yeux de Delval exprimèrent un sentiment d’horreur.

— Quoi ! s’écria-t-il, vous souffririez que Laure s’unît au meurtrier de son époux ? Ce misérable a-t-il donc oublié son crime ? Ah ! s’il est ainsi, je vais lui rappeler qu’il existe un témoin de cet affreux combat, je vais rompre des nœuds que le ciel ne peut voir sans colère ! En demandant le secret de ce malheur, ajouta-t-il, tu ne prévoyais pas, ô mon digne ami ! que la main qui te donna la mort, oserait s’unir à celle de ton épouse ! Mais il en est encore temps, allons dévoiler ce mystère, allons épargner à Laure des regrets éternels !

Deux jours après cette scène, Delval et Juliette arrivèrent au château ; mais quelle fut leur douleur en voyant la pâleur de la mort répandue sur les traits de leur amie ; ses yeux éteints, et surtout la morne insensibilité dont elle était frappée. Laure les reconnut, leur sourit et retomba bientôt dans l’accablement qui depuis quelque temps laissait douter de son existence. Juliette la serra dans ses bras, l’inonda de ses larmes. Laure répondit à ses caresses par un regard languissant. Madame de Varannes leur dit qu’elle refusait de se mettre au lit, mais qu’elle pre-