Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/301

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le cœur de son amante. Il ne voulut pas le voir.

— Ma vue, disait-il, lui rappellerait son malheur plus vivement encore : retournez près de lui, Frédéric, consolez-le, hélas ! c’est ainsi que Henri le consolait !

— Il écrit, répondit Frédéric, sa sœur et madame Billing sont auprès de lui, et je puis rester une partie de la journée avec vous. J’ai besoin de voir Laure, je tremble pour elle et je n’ose vous dire jusqu’où va mon inquiétude.

Delval le devina, et sans le questionner, le ramena à Varannes. Quand Frédéric aperçut Laure, quand il vit la consternation sur tous les visages, il n’eut pas la force de cacher ce qu’il éprouvait. Ses gémissements, ses sanglots peignirent sa douleur. Hélas ! chacun pleurait, excepté Laure, dont le calme effrayant était toujours le même ; on allait, on revenait près d’elle, sans qu’elle détournât les yeux pour voir ce qui se passait.

Sur les cinq heures, on annonça M. Bomard ; il vint s’asseoir près de Laure. En le voyant, un soupir s’échappa de son sein.

— Laure ! lui dit-il, pauvre Laure !…

Et ses larmes lui coupèrent la parole ; elle sembla remarquer son émotion, et lui fit signe en montrant sa poitrine, que son étouffement l’empêchait de lui répondre : alors il lui présenta son enfant, essaya de