Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le-champ dix ou douze mille francs. Tu en devines l’emploi ; je veux qu’avant huit jours ma belle-mère apprenne d’Emma que les effets qui lui ont été volés sont retrouvés. Adieu.



IX


Tu veux encore t’éloigner de moi, ma Juliette ; n’est-ce donc pas assez de tout l’espace qui nous sépare ? As-tu si vite oublié la promesse que tu m’as faite de venir passer quelques mois avec ta Laure, aussitôt que les affaires de M. de Norval te le permettraient. Sans cet espoir, je n’aurais pas eu le courage de me séparer de toi, malgré toutes les raisons qui m’y forçaient. Devais-je m’attendre à te voir faire un autre voyage que celui de Varannes : mais j’oublie que ta volonté n’entre pour rien dans les démarches qu’exige le commerce de la maison de ton mari, et je me borne à plaindre le sort qui m’impose un sacrifice bien coûteux à l’amitié, après m’en avoir fait subir tant d’autres. Ne crains pas, chère amie, que ton absence rende notre correspondance moins active ; elle a trop de charmes pour moi, et puisque tu t’intéresses si vivement au récit des moindres événements de ma vie, je continuerai à te parler même de ceux qui ne me touchent que fai-